Circuits courts : des déceptions mais pas de déclin général 

Circuits courts : des déceptions mais pas de déclin général 

Les difficultés vécues par certains producteurs, AMAP ou magasins en circuits courts ont souvent été généralisées comme des indices du déclin de ces modes de vente. Une enquête menée par le Réseau Mixte Technologique (RMT) Alimentation Locale révèle une réalité plus nuancée avec, par rapport à 2019, autant de hausses des ventes que de baisses, et que la crise de la Covid-19 continue à redistribuer les cartes, dans les territoires comme dans le secteur de la distribution alimentaire.

Face à ces observations, le RMT Alimentation Locale a réalisé une enquête en ligne, avec 5 questionnaires différents afin de croiser les données : vers les producteurs, les consommateurs, les accompagnateurs de circuits courts, les professionnels de l’alimentation (artisans, transformateurs…) et enfin les points de vente en circuits courts. Plus de 800 réponses ont été recueillies et traitées, illustrant l’ensemble des modes de vente : vente à la ferme, magasins de producteurs, marchés, AMAP, boucheries s’approvisionnant directement auprès de producteurs pour une partie de leur gamme, plateforme de commande en ligne en circuit court…

L’analyse des informations recueillies amène à 6 grands résultats

  1. Identique à l’avant crise
    Au niveau des producteurs en circuits courts (344 réponses), le chiffre d’affaires est le même qu’en 2019 pour plus de la moitié d’entre eux, en hausse pour plus d’un quart, en baisse pour moins d’un quart. La tendance générale est donc à l’augmentation par rapport à avant la crise Covid

 

  1. Concurrence
    Les baisses de vente ne concernent pas certains produits en particulier. Ce sont davantage les conditions locales qui permettent de comprendre les variations. A l’échelle d’un territoire, la simple ouverture d’un nouveau magasin de producteurs peut bousculer les pratiques d’achat

 

  1. Causes multiples
    Différentes explications sont mises en avant par les répondants et l’analyse globale confirme qu’aucun facteur en particulier ne caractérise les points de vente ou producteurs en difficulté. Les causes sont multiples.

 

  1. Habitudes de consommation
    Les consommateurs ont bien modifié leurs achats en circuits courts depuis le début de la crise. Ceux qui consommaient déjà dans ces circuits avant la crise ont souvent augmenté leurs dépenses, d’autres, nouveaux venus, ne sont pas forcément restés, ce qui contribue à expliquer certaines baisses de vente. De plus, localement, des consommateurs ont pu changer de circuit court, préférant désormais un circuit plus près de chez eux ou plus pratique par exemple : certains circuits gagnent des clients, d’autres en perdent.


  2. Partager sa clientèle
    De nouveaux circuits courts sont nés pendant la crise et les produits présentés comme locaux – pas forcément issus d’un circuit court – ont progressé dans les rayons des supermarchés. Un point de vente qui captait auparavant toute la demande doit partager sa clientèle avec un nouvel arrivant ou avec le supermarché d’à côté. Evaluer ce qui se passe au niveau d’un territoire suppose de cumuler l’ensemble des évolutions, en restant attentif aux types de circuits.

 

  1. Anticipations trop optimistes
    Les points de vente en difficulté signalent fréquemment avoir pensé que la demande très forte pendant le premier confinement allait durer. Pour y répondre au mieux, ils ont investi, par des embauches ou des équipements. Une demande stagnante depuis quelques mois, alors que les frais de structure augmentent, suffit à créer un sentiment de menace, voire à mettre certains en difficulté économique.

 

En résumé, l’enquête procure plusieurs enseignements importants : l’intérêt pour les circuits courts reste important ; cela n’empêche pas certains producteurs ou magasins d’avoir des difficultés économiques et d’être déçus que la forte demande lors du premier confinement n’ait pas perduré ; les conditions locales sont une donnée clé pour comprendre les évolutions ; la crise a suscité de nouvelles concurrences, entre les circuits courts et avec des circuits longs valorisant des produits présentés comme locaux.

 

Le RMT Alimentation Locale s’appuie sur ces résultats pour aider les acteurs des circuits courts à conforter leurs situations ou bien trouver des solutions, dans un contexte qui évolue encore avec la guerre en Ukraine. La démarche est à la fois de faciliter les échanges d’expériences mais aussi le dialogue avec les collectivités, dans le cadre des Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) en particulier.

Source : RMT Alimentation Locale, Circuits courts